Comment les aides technologiques transforment-elles l’apprentissage pour les élèves avec des besoins particuliers ?

Écrit le : 9 janvier 2024
Par : Mandy Vallières
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Icone-Lien vers Youtube Trois fonctions d’aide qui favorisent l’équité en éducation

Icone-Lien vers Youtube Trois enjeux des ressources technologiques en éducation


 

Les aides technologiques à l’apprentissage sont de plus en plus présentes dans les classes du Québec. Pourtant, elles sont méconnues et plusieurs mythes et questionnements circulent à leur sujet.

À quoi servent ces aides technologiques précisément? Sont-elles réellement bénéfiques pour l’apprentissage de nos enfants ou constituent-elles une sorte de béquille risquant de s’avérer nuisible ? Qui en est le propriétaire, et que se passe-t-il lors du passage de votre enfant à un niveau scolaire supérieur? C’est là quelques-unes des questions que me posent plusieurs parents.

Cet article tentera d’apporter des réponses à ces questions fréquentes et justifiées. Après tout, votre implication dans le parcours d’apprentissage de votre enfant est cruciale et pour l’accompagner de façon optimale, il est nécessaire que vous soyez informés.

 

Sélectionner les aides technologiques adaptées : comprendre et répondre aux besoins spécifiques des élèves

Il existe une grande variété de ressources et de fonctions technologiques visant à soutenir les enfants éprouvant des défis d’apprentissage. C’est pourquoi il est essentiel dans un premier temps d’identifier les besoins réels de l’enfant. Cela nécessite idéalement une collaboration des différents acteurs concernés, incluant les intervenants (enseignante, orthopédagogue, orthophoniste, direction, etc.), mais aussi évidemment les parents et l’enfant lui-même.

 

Voici diverses fonctions d’aide souvent utilisées dans les milieux d’éducation, leur description et leur utilité.

 

  • La synthèse vocale : cet outil lit un texte affiché à l’écran avec une voix synthétique, dépourvue d’intonation. On peut généralement ajuster la vitesse de lecture, mais aussi la voix, l’accent et bien sûr le volume. L’enfant voit le texte à l’écran et ce qui est lu est mis en évidence au fur et à mesure, pour lui permettre de suivre la lecture, l’arrêter au besoin, revenir en arrière, etc.

La synthèse vocale permet de dépasser la difficulté à décoder les mots. Elle donne accès au texte. Cependant, la compréhension du contenu demeure la responsabilité de l’élève. Ce dernier doit donc connaître et savoir utiliser les diverses stratégies de lecture qui lui permettront d’aborder le texte efficacement pour faire les liens nécessaires à sa compréhension. En effet, pour bien comprendre un texte, l’élève doit pouvoir s’appuyer sur ses connaissances antérieures, traiter le vocabulaire, lire entre les lignes afin de déduire les sous-entendus, le contexte non explicite, dégager les idées principales et secondaires. La synthèse vocale ne peut aucunement faire ce travail à la place de l’enfant.

 

  • La rétroaction vocale :cette ressource convertit le texte écrit en parole audible et permet à l’enfant d’entendre ce qu’il écrit ou le texte qu’il a sélectionné.

La rétroaction vocale fournit donc un retour auditif immédiat sur le texte saisi par l’élève. En rédaction, elle permet de lire au fur et à mesure ce que l’enfant écrit, mais aussi de sélectionner des passages afin de les entendre. La rétroaction vocale pourra ainsi lui permettre de se réajuster au besoin, par exemple sur les plans de la ponctuation, des erreurs phonologiques et de la structure de ses phrases.

 

Fonctions d'aide à l'apprentissage: infographie présentant le texte

  • La prédiction de mots : lorsque l’enfant tape des lettres, cet outil lui propose des mots complets. L’enfant n’a donc pas besoin de taper entièrement le mot à produire, il peut sélectionner parmi les propositions qui lui sont faites celui qui convient. La prédiction peut aussi anticiper le mot qui suivra celui qui vient d’être rédigé.

Son utilisation permet d’améliorer la vitesse de frappe, d’éviter les erreurs orthographiques et les erreurs de frappe et, sous l’angle grammatical, à faire des choix concernant les accords et la conjugaison appropriés selon le contexte.

 

  • Reconnaissance vocale :l’utilisation de cet outil permet de transcrire en texte écrit ce qui est dit.

On peut ainsi produire à l’écran les idées qu’on veut communiquer, mais sans devoir les écrire.

 

  • Correcteurs :les possibilités varient d’une ressource à l’autre, mais les correcteurs servent ultimement à soutenir le travail de correction du texte écrit. Ils pourront bien sûr corriger l’orthographe des mots, mais aussi proposer des corrections grammaticales liées à la syntaxe, la conjugaison des verbes, les accords en genre et en nombre par exemple. Ils signalent les erreurs et peuvent proposer des corrections.

Les correcteurs permettent d’améliorer la qualité, la précision, la fluidité des textes écrits.

 

Les aides technologiques en éducation : soutien essentiel ou dépendance problématique ?

Les outils technologiques peuvent s’avérer puissants et très aidants dans le parcours d’apprentissage d’un enfant présentant des besoins particuliers. Leur utilisation a un objectif très précis : soutenir l’enfant dans sa quête de réussite en toute équité, en respectant et tenant compte de sa différence. Cette illustration d’Éric Letendre l’exprime d’ailleurs très bien.

Valoriser l'équité auprès des élèves en difficulté d'apprentissage

Pourtant, plusieurs craintes légitimes et idées préconçues demeurent liées à leur utilisation. En voici quelques-unes qui me sont souvent adressées.

 

⚠️ Dépendance : on croit souvent que les aides technologiques créent une dépendance chez leur utilisateur. Toutefois, si le besoin est bien identifié et que l’enfant sait se servir adéquatement de son outil, elles favoriseront alors au contraire son autonomie et son sentiment de compétence. Il pourra participer plus pleinement aux activités desquelles il pouvait se sentir exclu précédemment en raison de ses difficultés.

 

⚠️ Stigmatisation : certains enfants éprouvent un sentiment d’exclusion et de dévalorisation lorsqu’ils font appel à une technologie pour obtenir de l’aide. Ils peuvent se sentir différents et avoir l’impression de ne pas être à la hauteur de leurs camarades, puisqu’ils ont besoin d’un outil pour accomplir leur tâche. Pour éviter ces situations, il est important que le milieu, tant scolaire que familial, adopte une attitude normalisant le recours aux aides technologiques. L’environnement jouera pour beaucoup dans l’acceptation de ces outils comme des extensions naturelles à l’apprentissage.

 

C’est un peu comme le besoin de porter des lunettes. Certains enfants le vivent avec un sentiment d’échec en se comparant à d’autres qui n’en ont pas. Pourtant, il s’agit d’un moyen incontournable d’accéder à la réussite.

 

⚠️ Nivellement par le bas : on peut craindre que le recours à ces outils amène à réviser nos attentes éducatives à la baisse afin de les adapter aux capacités des élèves ayant plus de difficulté, plutôt que de les encourager à atteindre un niveau plus élevé. Pourtant, recourir à ces aides permet à chaque enfant, s’il est bien guidé pour le faire, de démontrer son plein et réel potentiel, ce qu’il ne pourrait faire sans eux. Ainsi, et même avec ses défis particuliers, l’enfant pourra accéder au même niveau d’éducation que ses camarades: tout le monde en sort gagnant.

 

⚠️ Remplacement des compétences de base : il s’agit d’un questionnement fréquent et pertinent. En effet, plusieurs parents et intervenants craignent que le recours à des aides technologiques nuise au développement des compétences de base de leur enfant.Enseignante souriante et élève d'âge primaire souriant qui utilise les fonctions d'aide technologique à l'apprentissage

Le risque mérite d’être nommé. Il faut alors considérer que les ressources technologiques doivent absolument être proposées après qu’un problème précis et concret ait été identifié et que des interventions ciblées aient été menées pour permettre à l’enfant de pallier les difficultés observées. Si les efforts ne portent pas les fruits attendus, que les difficultés sont trop grandes pour être surmontées, un travail de collaboration doit être entamé pour en venir au choix de recourir à des aides technologiques. Les divers intervenants, mais aussi les parents et l’enfant lui-même, doivent alors être partie prenante du processus menant à cette solution.

 

De plus, le recours à des outils technologique ne doit pas remplacer une intervention visant à permettre à l’enfant de poursuivre son cheminement d’apprenant pour compenser ou surmonter ses difficultés. Cette option doit viser à compléter cette intervention, en ayant toujours en tête d’offrir des chances équitables d’atteindre les mêmes objectifs que d’autres enfants sans les mêmes défis.

 

⚠️ Solution facile : il est courant de penser que le fait d’utiliser des ressources technologiques offre une solution de facilité à l’enfant. Or, il n’en est rien. Leur utilisation demande beaucoup d’énergie cognitive. Elles nécessitent une façon de travailler, d’aborder la tâche, différente. Elles impliquent un engagement et une prise de responsabilité de l’enfant. Pour cela, il est toutefois essentiel que ce dernier sache pourquoi on lui propose ces ressources et qu’il soit en mesure de les utiliser judicieusement.

L’enjeu de l’accompagnement dans l’utilisation des aides technologiques

C’est souvent là, d’ailleurs, que se trouve l’enjeu majeur lorsqu’il est question du recours à des aides technologiques. Le comment.

 

Il arrive fréquemment que des enfants reçoivent des ordinateurs munis de logiciels d’aide puissants, mais qu’ils soient laissés à eux-mêmes pour apprendre à s’en servir.

 

Et là, le risque de passer à côté de l’objectif réel est grand. Je ne parle pas ici de maîtriser le doigté. Ce peut être un atout, mais pas une nécessité.

 

Cependant, si l’enfant ne sait pas comment recourir efficacement à un prédicteur de mots, utiliser efficacement la synthèse vocale, se laisse distraire par les multiples soulignements d’un correcteur, l’outil qu’il a entre les mains risque de devenir nuisible plutôt qu’aidant.

 

Or, et pour diverses raisons, ces situations se produisent très souvent.

 

Les enseignants sont débordés et n’ont ni le temps ni la formation pour soutenir leurs élèves qui reçoivent des aides technologiques.

 

L’école n’a pas de professionnels disponibles ou aptes à les guider dans une utilisation optimale.

 

Les parents ne connaissent pas la ressource ni son utilité et souvent, n’arrivent pas à y accéder à la maison.

Mais alors, que faire comme parent ?

Dans un premier temps, demandez à être informé. Si votre enfant a un plan d’intervention dans lequel des mesures d’aide technologique sont prévues, n’hésitez pas à poser des questions qui vous permettront d’avoir un portrait plus clair de la situation.

 

Vous pouvez demander, selon le contexte :

  • À quel(s) besoin(s) veut-on répondre exactement ?

  • Quels sont précisément les fonctions d’aide et les outils qui seront offerts à votre enfant et pourquoi ?

  • Qui se chargera de l’aider à s’approprier les outils, quand et comment ?

  • Comment pourrez-vous aider concrètement votre enfant dans cet apprentissage ?

  • Prévoit-on que votre enfant aura besoin de ces ressources tout au long de son parcours d’apprentissage ou s’agit-il d’une aide temporaire?

  • Comment évaluera-t-on la pertinence du recours à ces outils ?

  • Y aura-t-il accès en tout temps ? Lors des examens? Dans toutes les matières ?

  • Quel impact aura l’utilisation de ces outils sur son parcours d’apprentissage ?

 

Toute question qui vous viendra, surtout, posez-la. Cela vous évitera de vous sentir exclu du processus et de craindre que votre enfant ne puisse tirer le meilleur de ces ressources qui lui sont proposées. Cela vous permettra aussi de l’accompagner concrètement dans son appropriation de son outil.

 

Et si vous sentez que l’aide manquera pour vous soutenir efficacement dans l’utilisation de ces ressources, vous pouvez aller chercher du soutien à l’extérieur. Plusieurs professionnels, comme les orthopédagogues, peuvent avantageusement soutenir le développement des compétences nécessaires pour utiliser judicieusement ces outils.

Diagnostic et aides technologiques : quelle est la réalité ?

On croit encore souvent qu’il faut nécessairement un diagnostic, telles la dyslexie ou la dysorthographie, pour avoir accès à des ressources telles que la synthèse vocale ou la prédiction de mots. Or, c’est faux. Un enfant qui a un plan d’intervention dans lequel il est clairement mentionné que le recours à des aides technologiques permettra sa participation aux activités éducatives de l’école peut avoir accès à ces ressources.

 

Cependant, une évaluation menant à un diagnostic pourra guider l’enfant et les intervenants autour de lui vers des mesures d’aide qui soient les plus appropriées à sa situation.

Propriété des outils technologiques en milieu scolaire: à qui appartiennent les ressources ?

Lorsqu’un ordinateur portable muni de logiciels ou un autre outil répondant aux besoins identifiés de l’enfant est fourni par l’école, c’est le centre de service scolaire qui en est le propriétaire. L’ordinateur suit l’élève à qui il est attribué tout au long de son parcours scolaire primaire et secondaire, du moment qu’il demeure dans le réseau public, et ce, même s’il déménage ou change de centre de service.

Quelles sont les ressources technologiques les plus courantes ?

Dans le système éducatif québécois, une variété d’aides technologiques est mise à disposition pour répondre aux besoins divers des élèves. Ces outils ne se limitent pas à aider les élèves avec des troubles d’apprentissage précis; ils peuvent également s’avérer une ressource précieuse pour tout élève confronté à des défis scolaires importants. Voici quelques-unes des aides technologiques les plus courantes :

🛠️ WordQ : il s’agit d’un logiciel de soutien à la lecture et à l’écriture. Grâce à la prédiction de mots, il peut assister les élèves en suggérant plusieurs mots au fur et à mesure que l’enfant rédige. Par la rétroaction vocale, il peut relire ce que l’enfant écrit afin de soutenir son travail d’analyse et d’autocorrection. La synthèse vocale de WordQ peut aussi lire des documents PDF à voix haute avec une voix synthétique.

🛠️ Lexibar : cet outil propose aussi la prédiction de mots, la rétroaction et la synthèse vocales à l’enfant. Toutefois, il intègre des images pour soutenir la prédiction de mots et peut suggérer des mots basés sur leur sonorité plutôt que seulement sur leur orthographe. Il présente de plus un vérificateur d’orthographe lexicale (orthographe des mots, mais pas les accords ou la conjugaison).

🛠️ Antidote : c’est un outil complet de correction linguistique pouvant déceler non seulement les fautes d’orthographe, mais aussi les erreurs de grammaire, de ponctuation, et de style. Sa capacité à identifier des fautes complexes le distingue des correcteurs standards. Il propose aussi des dictionnaires permettant par exemple de trouver des synonymes, des antonymes, des mots de même famille, ainsi que des guides pour la conjugaison, la syntaxe, etc.

Maximiser le potentiel des aides technologiques en éducation

En résumé, lorsqu’elles sont bien utilisées, les ressources technologiques peuvent s’avérer de réels atouts pour favoriser la réussite d’un élève en difficulté. Elles soutiennent l’accessibilité et l’inclusion pour des enfants ayant des besoins spécifiques et des troubles d’apprentissage. Elles peuvent aider à favoriser la motivation et l’autonomie, mais aussi à réduire le stress de l’enfant qui vit les apprentissages comme des défis parfois insurmontables, en lui redonnant confiance en sa compétence. Sans oublier que l’informatique fait désormais partie de notre vie quotidienne et fera partie de la vie adulte de nos enfants. Apprendre à manipuler efficacement des logiciels de soutien permettra à votre enfant de développer ses compétences sur ce plan pour qu’il soit plus efficace dans l’utilisation des technologies en général.

 

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