Vous avez passé des heures à étudier les mots de vocabulaire, la conjugaison des verbes, et pourtant, ces apprentissages semblent avoir complètement disparu de la surface du papier au moment de les utiliser.
Et… vous vous demandez « Pourquoi mon enfant oublie ce qu’il apprend ? ».
Eh bien, nous allons tenter de démystifier ce phénomène!
Tant qu’à y être, je vous présenterai aussi des pistes pour améliorer les choses.
Pourquoi oublie-t-il ce qu’il a appris?
Plusieurs parents dont l’enfant éprouve certains défis en classe mettent une énergie énorme à tenter de compenser les difficultés, puis à l’aider du mieux possible.
L’écriture constitue d’ailleurs un enjeu majeur sur le plan des défis à relever pour les enfants en général. C’est bien sûr encore plus vrai pour ceux aux prises avec des difficultés d’apprentissage.
Alors, l’enfant étudie son vocabulaire, sa conjugaison jour après jour.
Puis, quand vient le temps de l’évaluation, que ce soit une dictée ou une production écrite, rien ne semble avoir été fait.
Pourquoi?
Eh bien, c’est probablement lié à un manque d’énergie.
La pile de votre enfant au moment de la production demandée est tellement sollicitée par toutes sortes de notions qu’elle se vide et qu’elle ne contient plus assez d’énergie pour pouvoir faire la tâche attendue.
Et à quoi est dû ce manque d’énergie?
C’est là que la situation se complique, car il peut y avoir plusieurs raisons.
Ainsi, des facteurs émotionnels peuvent être impliqués, comme le stress lié à l’activité elle-même. Par exemple
- si la tâche est nouvelle
- si l’enfant sent qu’il ne saisit pas exactement ce qui est attendu de lui
- s’il a peur d’échouer
- s’il ne sait pas précisément comment amorcer le travail
- …
Dans des cas comme ceux-là, son niveau de stress augmentera et pourra brouiller les cartes.
Mais il peut aussi s’agir d’un conflit qu’il a eu avec son ami à la récréation, ou même de réaliser qu’il a perdu sa gomme à effacer préférée.
En fait, il peut s’agir de circonstances qui nous semblent banales, ou encore de difficultés qu’il vit mais que nous n’avons pas anticipées. Ces situations ont le pouvoir de le rendre moins disponible à aller chercher l’information qu’il a emmagasinée pour pouvoir s’en servir.
Bien sûr, il est aussi très possible que certaines notions, certains apprentissages, ne soient pas automatisés, c’est-à-dire intégrés par l’enfant. Souvent, on observe un symptôme, comme l’absence de lettres dans le mot par exemple. En creusant un peu, on peut réaliser qu’en fait, le mot à produire comprend un son qui n’est pas acquis chez l’enfant. Il vit alors une surcharge cognitive et produit des erreurs par manque de disponibilité.
Un défi de taille: le transfert
Dans un deuxième temps, passer de l’étude de listes de mots ou de verbes isolés et les utiliser ensuite dans un texte, c’est un gros défi. Il s’agit de ce qu’on appelle un « transfert » dans le langage pédagogique.
Et un transfert, c’est souvent difficile à réaliser.
Il s’agit d’ailleurs d’un enjeu pédagogique que bien des enseignants rencontrent, que de réussir à permettre à l’enfant de faire des « transferts ».
Qu’est-ce exactement qu’un « transfert »?
C’est la capacité de prendre l’apprentissage qui est fait dans un contexte particulier et de réussir à utiliser cet apprentissage dans un contexte qui est complètement différent. Par exemple, passer d’une liste de mots à la production d’un texte.
Les deux activités peuvent nous sembler, à nous, adultes, très liées, connectées. Cependant, pour l’élève qui développe ses compétences, la fracture entre l’étude de mots ou de verbes isolés et leur utilisation dans l’écriture d’un texte est gigantesque.
Écrire: une tâche très complexe
Quand on y pense, créer un texte, c’est une charge cognitive immense pour une pile d’enfant qui est en apprentissage.
Il faut d’abord trouver des idées, puis que celles-ci soient en lien avec une consigne qui a été donnée.
Ensuite, ces idées, il faut pouvoir les organiser en séquence, penser aux mots à utiliser, leur ordre, écrire les mots en respectant l’ordre des sons et des graphèmes, mettre la majuscule, le point, etc
Puis aussi, mine de rien, utiliser le crayon.
Et cette contrainte est trop souvent oubliée ou sous-estimée.
En effet, la seule manipulation du crayon peut prendre une énergie énorme à un enfant qui tente de produire les mots sur le papier.
Bref, vous voyez le portrait: c’est colossal comme tâche.
Des pistes de solution
Mais maintenant, qu’est-ce qu’on fait avec ça?
Collaboration
Je vous dirais dans un premier temps que comme parent, il y a une partie qui ne vous revient pas directement.
L’école a son rôle à jouer dans la compréhension de ces notions, que ce soit les mots, que ce soit les verbes, et comment les apprendre.
Toutefois, pour vous aider à la maison, vous pouvez poser des questions aux enseignants afin d’offrir à votre enfant un discours cohérent avec ce qui est enseigné à l’école, puis de travailler en collaboration.
Vous pouvez demander, par exemple :
- Est-ce que les mots de vocabulaire ont été enseignés à partir d’une régularité orthographique précise?
- Dans le cadre des verbes par exemple, qu’est-ce que les enfants ont vu au sujet des terminaisons, des groupes de verbes en particulier?
Ces informations vous permettront de réinvestir les apprentissages qui ne sont pas automatisés pour votre enfant, puis de l’aider à les consolider.
La théorie et la réalité
Ensuite, faites le plus possible de liens entre ce qui est étudié et la réalité, votre quotidien en fait.
Ainsi, en discutant, vous pouvez prendre le temps de vous arrêter au milieu d’une phrase et observer avec votre enfant le verbe que vous venez d’utiliser.
Ou encore, en conversant avec lui, vous pouvez lui souligner sa propre utilisation d’un verbe dans son discours:
« Hey, tu viens d’utiliser le verbe manger au passé composé. Super! C’est ça qu’on a étudié la semaine dernière. »
Ce type d’intervention sans papier ni crayon l’aidera à démystifier ces notions abstraites et à rendre le tout plus concret et accessible.
Et c’est la même chose pour les mots de vocabulaire. Il est d’abord très utile de prendre le temps de vérifier qu’ils sont vraiment compris, afin de vous assurer que ces mots ont un sens pour votre enfant. Apprendre un mot qui ne signifie rien pour nous n’est pas un gage de réussite. Certains mots sont particulièrement abstraits. On peut penser au mot “tant”, qui fait rarement partie du vocabulaire courant d’un enfant d’âge scolaire, et pour lequel il est impossible de “faire des images dans sa tête”. Un mot très fréquent comme “sans” peut aussi apporter son lot de confusion si je le confonds avec “cent” ou “sang”, par exemple.
Ensuite, une fois que le sens est clarifié, utilisez ces mots dans des phrases à l’oral, ou faites faire des phrases à vos enfants avec ceux-ci. Encore une fois, nul besoin de papier, de crayon, ou même de réserver un moment à l’agenda pour le faire: on y va de façon spontanée.
Cela permettra de rendre la notion plus accessible.
Un incontournable : lisez avec vos enfants.
On y revient tout le temps: faites-leur la lecture, lisez avec eux.
Procurez-leur aussi des documents audios s’ils ne sont pas encore lecteurs, ou s’ils refusent de lire; il s’agit là d’une situation qui peut arriver, il faut alors jouer d’astuce pour préserver le contact avec les livres tout en conservant un climat agréable.
L’important au fond est de maintenir le contact avec les livres et la littérature. Il doit s’agir de livres qui vont les intéresser, des livres diversifiés.
C’est de cette façon qu’ils seront exposés à un vocabulaire varié ainsi qu’à des structures de phrases adéquates.
En résumé
L’acte d’écrire demande beaucoup d’énergie à un enfant en apprentissage. Il lui est généralement difficile de transférer ce qui est vu dans un contexte d’étude à un autre contexte plus complexe, comme une situation d’écriture.
Les réserves de sa pile d’énergie cognitive sont généralement sollicitées par une multitude de facteurs. Il y a donc fort à parier qu’il lui manquera de souffle pour penser à tout ce qui est attendu de lui et qui n’est pas automatisé.
Ensuite, le poids de tout ça ne doit pas reposer sur vos seules épaules. Demandez des précisions, de l’aide à son enseignante. Ou encore, si votre enfant est suivi par une orthopédagogue, demandez-lui de vous guider. Un travail d’équipe est beaucoup plus productif et tout le monde devrait en sortir gagnant.
De plus, saisissez toutes les occasions de l’aider à faire des liens entre la théorie et la réalité. Vous l’aiderez ainsi à créer du sens autour de ses apprentissages. Il sera alors plus à même de voir la pertinence de ces notions et de constater qu’elles font réellement partie de son quotidien.
Enfin, lisez avec lui. Exposez-le au livre, à la littérature. C’est le secret le moins bien gardé, mais il peut faire de grandes différences. D’ailleurs, pour vous accompagner dans cette démarche, j’ai créé un guide gratuit qui vous propose 5 étapes concrètes pour développer la fluidité en lecture. Vous pouvez le télécharger dès maintenant pour commencer à mettre en pratique ces stratégies avec votre enfant.