Avez-vous parfois l’impression que l’apprentissage des mots de vocabulaire à la maison a un peu trop tendance à rimer avec enfer?
Une multitude de possibilités
Lorsqu’on regarde les stratégies proposées pour apprendre les mots de vocabulaire, sur le web par exemple, on en trouve une multitude. On nous suggère de voir les lettres, les syllabes, dans notre tête; on nous propose d’entendre les sons dans le mot; ou encore de bouger en les étudiant.
Toutes ces approches peuvent être très intéressantes.
Vous pouvez les essayer bien sûr. Elles amèneront de la variété dans une étude qui peut à l’occasion sembler redondante. De plus, il est bien possible que vous découvriez des façons de procéder qui sont plus – ou moins – efficaces selon votre enfant.
Des approches classiques
Certaines stratégies d’apprentissage des mots de vocabulaire peuvent être qualifiées de classiques. En effet, épeler les mots à l’étude à voix haute et les copier font sans doute partie de l’arsenal de moyens que vous mettez ou avez déjà mis de l’avant dans votre famille.
Il faut cependant savoir que ces façons de procéder, bien que très connues et répandues, ne sont pas nécessairement efficaces pour tous les enfants. Elles peuvent d’ailleurs s’avérer particulièrement inutiles auprès des élèves éprouvant davantage de difficultés avec l’apprentissage des mots de vocabulaire.
Et la compréhension dans tout ça?
Un autre aspect à considérer avec ces stratégies dites classiques est celui de la compréhension. En effet, lorsque je copie ou que j’épèle un mot, j’accède peu à son sens réel.
Pourtant, au fond, quel est donc l’objectif de l’apprentissage des mots de vocabulaire?
C’est d’augmenter notre vocabulaire, d’avoir un plus grand bassin de mots dans lequel pêcher, que ce soit au moment d’écrire, bien sûr, mais aussi lors de mes moments de lecture, pour me permettre de mieux comprendre ce que je lis.
Quatre approches des mots de vocabulaire
Voici donc quatre stratégies que je vous suggère, pour peut-être bonifier votre approche des mots de vocabulaire à l’étude, qui tiennent compte de l’importance de la compréhension des mots.
Première approche: comprendre le sens du mot
La toute première, c’est de simplement commencer par vérifier si votre enfant comprend le sens du mot. En effet, on n’y pense pas tout le temps, mais parmi les mots de vocabulaire de votre enfant, il y en a peut-être dont il ne maitrise pas vraiment la signification. Il peut s’agir de mots plus rares dans le langage oral, mais aussi de mots servant à faire des liens entre les idées d’un texte ou d’un discours, qui sont très fréquents mais demandent des connaissances sur la langue pour être bien saisis et utilisés. Un mot très simple comme “mais”, par exemple, est très fréquent tant à l’oral qu’à l’écrit. Il fait partie de la liste orthographique de la 2e année. Pourtant, il s’agit d’un mot très abstrait, auquel je ne peux associer d’images comme pour le mot “chien”. À cela s’ajoute le fait qu’il a un homophone lui aussi très populaire, le déterminant “mes”, qui vient potentiellement collaborer à rendre les choses confuses. Sans compter qu’il contient le son /è/ écrit “ai” et un “s” muet. Pour plusieurs élèves, voilà déjà tout un défi.
Or, quand vient le temps de mémoriser l’orthographe des mots, c’est beaucoup plus ardu si je n’en maitrise pas totalement le sens.
Pour mieux comprendre la signification d’un mot, on peut simplement demander à votre enfant de l’utiliser en le plaçant adéquatement dans des phrases, à l’oral. Ça vous permet de voir s’il en saisit bien le sens – et la catégorie grammaticale aussi par le fait même. Si vous doutez de sa bonne compréhension, vous pouvez vous-mêmes modéliser des phrases dans lesquelles le mot se trouve, et l’accentuer pour être bien assuré que votre enfant le repère dans votre énoncé. Utilisez-le aussi dans votre langage au quotidien, même si vous n’êtes pas en période d’étude, ça ne pourra que le rendre plus concret et mettre en évidence son utilité.
Le dictionnaire
Bien sûr, on peut aussi utiliser le dictionnaire. Par contre, je vous dirais: «Faites attention»! En effet, le dictionnaire est une belle chose. Il s’agit d’un outil assurément très utile. Il ne faut toutefois pas en abuser parce que c’est très énergivore, surtout pour un enfant qui n’a pas encore un grand vocabulaire et qui devrait, le cas échéant, s’y référer souvent. Or, si je suis en apprentissage et qu’on m’enseigne comme stratégie principale de regarder dans le dictionnaire, il y a de bonnes chances que ça me décourage, ce qu’on veut absolument éviter.
Deuxième approche: les mots de même famille
Une autre façon de travailler sur la compréhension, donc le sens des mots qui sont à l’étude, c’est d’utiliser la morphologie, ou les mots de la même famille.
Par exemple, on peut déduire le sens d’un mot comme “maisonnette” parce qu’il contient “un petit mot dans le grand mot”, soit la racine “maison” et qu’il est accompagné du suffixe “ette”, que je peux associer à “petit”, comme dans les mots “fillette” et “tartelette”. Cette stratégie facilite la découverte du sens de mots nouveaux. Elle soutient aussi leur lecture et leur écriture.
De plus, la morphologie constitue une entrée vraiment très intéressante, particulièrement chez des élèves ayant des difficultés, car elle peut leur permettre de compenser certaines lacunes dans leurs compétences en langage écrit. Le recours à des connaissances morphologiques leur donne un soutien supplémentaire pour accroitre leur vocabulaire, puis pour utiliser de nouvelles stratégies en lecture et en écriture et favoriser leur compréhension, ainsi que l’écriture de textes plus riches et plus variés.
Troisième approche: le champ lexical
Une autre notion qu’on peut utiliser pour favoriser la compréhension des mots nouveaux est celle du champ lexical.
Le champ lexical est d’ailleurs souvent confondu avec les mots de la même famille par les élèves en général. Par champ lexical, on fait référence à des mots qui sont apparentés par le sens général. Ainsi, dans le champ lexical de “maisonnette” je peux retrouver bien sûr “habitation, hutte, cabane”, mais aussi salon, cuisine, famille, etc.
Quatrième approche: le réseau conceptuel
Enfin, un outil très utile dans le travail sur la compréhension des mots, mais aussi pour une grande variété d’autres notions, est le réseau conceptuel.
À ce sujet, je dois avouer que lorsque j’étais à l’université et qu’on me parlait de réseau conceptuel, ça m’agaçait profondément. Pourtant, avec le temps, j’en ai découvert la richesse et m’en sers réellement, aujourd’hui, à toutes les sauces. Je l’utilise d’ailleurs régulièrement avec mes élèves, afin de les aider à faire le point sur leurs connaissances et leur évolution en lien avec certaines notions, ou organiser leur discours, par exemple.
Il s’agit de partir d’une notion centrale, d’un concept, d’une idée. Dans notre cas, il s’agit d’un mot de vocabulaire. Ainsi, au centre de ma feuille, j’écris le mot “maisonnette” par exemple. Je trace une ligne dans une direction, menant vers un concept lié. Par exemple, ici, “mots de même famille”. À partir de ce nouvel élément, j’ajoute d’autres éléments liés: “maison”, “maisonnée”.
Ensuite, je reviens à mon idée centrale, “maisonnette”, et trace un nouveau bras, dans une nouvelle direction, qui mène à “champ lexical”. Et de là, j’ajoute les mots du même champ lexical que “maisonnette”.
Je peux continuer ainsi avec les notions que je veux, aussi longtemps que je veux.
Bien sûr, je ne vous suggère pas de procéder ainsi pour chaque mot de la semaine. Par contre, pour le vocabulaire plus difficile, ce peut être très aidant.
Il est aussi possible dans un tel réseau de relier entre eux plusieurs mots à l’étude, mais plutôt que de les unir en fonction de leur sens, on peut les relier en raison de similitudes orthographiques: deux « t », des mots où j’entends un son plus difficile à écrire, comme le son « è », un nombre de syllabes, etc. En réalité, on en fait ce qu’on veut, littéralement, selon nos besoins.
Trop de mots
Malgré une diversité d’approches, un travail constant à travers des horaires chargés, il est possible que vous ayez vraiment l’impression qu’il y a trop de mots de vocabulaire à apprendre et que votre enfant est un peu dépassé. Cela peut nuire à sa motivation et à sa capacité même à les apprendre.
Votre principale alliée
À ce moment, parlez-en à sa professeure, c’est votre première alliée. Peut-être pourra-t-elle vous proposer certains aménagements, une façon différente de les aborder, ou même une approche un peu plus adaptée aux spécificités de votre enfant.
Au besoin: prioriser la qualité
Ultimement, s’il le faut, vous pouvez aussi décider de faire des choix, et de miser sur la qualité plutôt que sur la quantité. Vous déterminez alors, avec votre enfant par exemple, un nombre de mots raisonnable pour lui et mettez votre énergie seulement sur ceux-là, afin de bien les étudier et d’éviter qu’ils ne se perdent dans un océan trop grand de mots variés. L’avantage, c’est que vous aurez plus de chance, en privilégiant cette approche, que les mots étudiés pénètrent en plus grand nombre dans la mémoire à long terme de votre enfant et qu’ils constituent dès lors de réelles connaissances dont il pourra se servir dans d’autres occasions.
En résumé
Retenons que le développement du vocabulaire est une chose importante, qui passe par la compréhension. Recourir à des approches variées est généralement gagnant. Il ne faut donc pas tout miser sur les classiques “épeler” et “copier”. Surtout, il ne faut pas tenir pour acquis que votre enfant maitrise le sens des mots à l’étude, même si c’est l’impression que vous avez.
Le but ultime de cet apprentissage est de construire un bagage de mots auquel votre enfant pourra référer à l’école, bien sûr, mais aussi dans sa vie au quotidien. Il ne faut donc pas tout miser, s’il faut faire des choix, sur le contrôle du vendredi matin, mais plutôt développer une vision à long terme qui favorise la qualité de l’apprentissage sur la quantité de mots appris partiellement et temporairement.
Besoin de soutien
Il se peut aussi que vous sentiez qu’au-delà de l’étude des mots de vocabulaire, votre enfant pourrait avoir besoin d’un coup de pouce supplémentaire dans son cheminement scolaire.
Si c’est le cas, prenez contact avec moi, nous en discuterons: